Dans l'article Comment franchir un seuil de précision? Gonseth expose les enjeux de l'articulation fondamentale théorie/expérimentation/instrumentation
Mais il ne s'agit alors que d'une anticipation plausible et non d'une certitude garantie. Jamais on ne pourra prétendre sans risque de démenti que ce qui s'est révélé juste à un certain niveau de précision le restera sans changement à tout niveau ultérieur. Ce gui ressort au contraire des progrès de la science moderne, c'est qu'il peut suffire d’un degré de plus dans la précision pour que de profondes révisions, allant parfois jusqu'aux principes, deviennent nécessaires.(...)
Les trois partenaires du jeu de la mise à l'épreuve des anticipations seront donc les suivants : le théoricien, qui fournit les énoncés à essayer, l'expérimentateur responsable de tout le secteur observationnel et le technicien, dont dépend la fabrication et la mise au point des instruments. Bien sur, les activités de ces trois personnages ne sont pas strictement séparables. Comment pourraient-ils coordonner leurs efforts s'ils ne travaillaient pas sur un front commun ? Ils sont les trois à la fois au bénéfice des situations antérieures. Ils sont attachés à trois aspects d'une entreprise commune. Disons mieux : ce sont là trois personnages théoriques qui, dans une certaine mesure, doivent être présents, incarnés dans toute personne réelle participant à l'entreprise. (...)
La procédure d'autofondation est alors terminée. Ainsi se trouve réalisé le tour de force métrologique consistant à franchir un seuil de précision en construisant les horloges authentiques par l’unique intermédiaire d'horloges systématiquement inexactes – et à justifier en même temps le bien-fondé de toute la procédure mise en œuvre à cet effet.